Le Cordyceps sinensis, ou cordyceps chinois, est un champignon que l'on trouve dans les hauts sommets montagneux de la Chine. La médecine traditionnelle chinoise l'utilise pour rendre des forces aux malades convalescents, combattre le stress et la fatigue, stimuler le système immunitaire et la sexualité, ralentir le vieillissement, renforcer l'énergie vitale et physique ainsi que les fonctions hépatique, rénale ou pulmonaire. Des études ont été réalisées en grand nombre, principalement sur la souche Cs-4, et ont montré ses effets adaptogènes, son action bénéfique sur la fatigue, sur les troubles hépatiques ou rénaux, sur les maladies respiratoires ou la fonction sexuelle, sa capacité à moduler le système immunitaire et à agir sur les performances physiques.
Dans des temps plus anciens, le Cordyceps sinensis était utilisé au palais de l'empereur de Chine ; on lui attribuait des propriétés similaires à celles du ginseng. Il était utilisé pour renforcer l'organisme après une extrême fatigue ou une maladie de longue durée ainsi que pour soigner l'impuissance, la neurasthénie ou le mal de dos.
En Occident, l'attention a été attirée sur le Cordyceps, au début des années 1990, lorsque le succès des athlètes chinois fut attribué à la consommation de ce champignon.
Plus de 30 années de recherches
Le cordyceps naturel (Cordyceps sinensis sauvage) étant rare, des scientifiques chinois ont examiné son cycle de vie dans l'objectif de développer une technique permettant d'isoler le stratus fermentescible du Cordyceps sinensis. À la fin des années 1970, l'Institut des matières médicales de Beijing a initié un programme de 10 ans pour étudier le Cordyceps sinensis. L'un des résultats de ce programme a été l'isolation d'une variété Cs-4 (Paecilomyces hepiali Chen) du Cordyceps sinensis sauvage. Depuis son isolation en 1982, le produit de fermentation Cs-4 a été étudié en Chine de façon extensive. Plus de 2 000 patients souffrant de pathologies diverses ont ainsi été enrôlés dans des études cliniques. Leurs résultats indiquent que le Cs-4 est très efficace, sans danger et très similaire au Cordyceps sinensis sauvage.
Amélioration de l'énergie et des performances physiques chez l'animal
Quelques études animales ont montré que le Cordyceps augmente dans le foie le ratio adénosine triphosphate (ATP) sur phosphate inorganique de 45 à 55 %, un effet pouvant être considéré comme bénéfique en termes de statut énergétique et de stimulation possible des performances physiques (Manabe et al., 1996).
De plus, des souris nourries avec du Cordyceps, soumises à un environnement extrême à faible niveau d'oxygène, étaient capables d'utiliser plus efficacement l'oxygène (une augmentation de 30 à 40 %), toléraient mieux l'acidose et l'hypoxie (manque d'oxygène) et vivaient deux à trois fois plus longtemps que des animaux témoins (Lou et al., 1986). Ces résultats suggèrent que le Cordyceps pourrait améliorer le statut bioénergétique en agissant sur un mécanisme interne d'équilibre. Cet effet pourrait permettre aux animaux de gérer efficacement un apport en oxygène inapproprié et les besoins énergétiques basiques essentiels à l'activité physique.
De récentes recherches ont confirmé ces résultats et montré que le Cordyceps augmente les niveaux d'ATP intracellulaire (Guowei, 2001) et l'utilisation de l'oxygène (Jia-Shi Zhu, 2004).
Soulage la fatigue de patients âgés
L'un des effets les plus connus du Cordyceps sinensis est probablement sa capacité à soulager la fatigue. Une légende ancienne racontée dans l'Himalaya relate de quelle façon il fut originellement découvert. C'était il y a fort longtemps, lorsque les tribus des peuples du Tibet et du Népal emmenaient leurs animaux dans les pâtures des hautes montagnes. Là, ils ont vu leurs chèvres et leurs yacks brouter une sorte de petit champignon marron, ressemblant à de l'herbe, qui poussait sur la tête de chenilles. Après avoir mangé cette étrange chose, les animaux sont devenus joueurs et ont commencé à courser les autres chèvres et yacks avec des intentions concupiscentes. Cette vigueur renforcée a dû sembler une bonne chose aux peuples de ces tribus et ils ont commencé à ramasser ces petits champignons et à les manger.
L'augmentation de l'énergie et des performances provoquée par le Cordyceps sinensis semble plus importante chez des personnes en dessous d'une forme optimale que chez des athlètes professionnels entraînés.
Un certain nombre d'études cliniques chinoises, essentiellement sur des patients âgés fatigués ou avec d'autres symptômes liés à la sénescence, ont rapporté que les sujets traités par du Cordyceps faisaient état d'améliorations significatives de leur niveau de fatigue, de la capacité à tolérer les faibles températures, de leur mémoire et de leur capacité cognitive ainsi que de leur comportement sexuel (Wen, 1993 ; Zhang et al., 1995).
Dans l'ensemble, le taux d'efficacité du Cordyceps à soulager la fatigue chez les sujets âgés atteignait 80 à 90 %. En plus de ses effets sur les niveaux d'énergie - probablement dus à son contenu en adénosine -, le Cordyceps induisait, chez des souris, des effets similaires à ceux d'hormones sexuelles stéroïdes, ce qui pourrait expliquer l'accroissement de la libido observé dans plusieurs études chez des sujets âgés.
Améliore la capacité à pratiquer un exercice physique
Dans une petite étude présentée au congrès annuel de 1999 du collège américain de médecine du sport, des chercheurs ont montré que la prise de Cordyceps sinensis (Cs-4 Cordymax) pendant six semaines avait pour résultat une augmentation de la consommation maximale d'oxygène et du seuil anaérobie chez des personnes âgées, ce qui peut conduire à une amélioration de la capacité à pratiquer un exercice physique et de la résistance à la fatigue.
Une étude clinique randomisée, en double aveugle contrôlée contre placebo, a porté sur 131 volontaires sédentaires, en bonne santé, hommes et femmes âgés de 40 à 70 ans. La capacité d'exercice physique, l'endurance et les altérations métaboliques liées à l'exercice ont été mesurées avant, au milieu et à la fin des 12 semaines de supplémentation en Cordymax Cs-4.
Les résultats ont montré une augmentation de 5,5 % du pic de consommation du volume d'oxygène (VO2 max) dans le groupe supplémenté contre seulement 2,2 % dans le groupe témoin, suggérant que Cordymax augmente la capacité d'exercice aérobie.
Le temps d'obtention du VO2 max a été augmenté de 4,1 %, suggérant une augmentation de la force physique pour l'exercice aérobie. La performance à l'endurance était également augmentée et la fatigue soulagée.
Bénéfique pour des sportifs d'endurance
Des chercheurs californiens ont conduit une étude randomisée, en double aveugle, de six semaines pour déterminer l'effet d'une supplémentation quotidienne avec 4,5 g de Cordymax Cs-4. Des chercheurs ont étudié chez des athlètes en très bonne condition physique leur consommation d'oxygène, leur seuil anaérobie et leur rythme cardiaque au cours d'exercices de tapis roulant maximal et submaximal. Trente athlètes mâles, coureurs et multisports d'endurance, ont reçu du Cordymax Cs-4 ou un placebo. Avant et après la période de supplémentation, chaque sujet a réalisé un test maximal d'exercice de tapis roulant suivi le jour suivant par un test de course submaximal (60 minutes à 70 % du pic de VO2).
Les résultats ont montré que la supplémentation, par rapport au placebo, prévenait l'augmentation de poids au cours de l'entraînement, réduisait le rythme cardiaque submaximal et le lactate sanguin au cours de l'exercice, augmentait le métabolisme des graisses et ainsi, épargnait la dépense de glycogène musculaire au cours d'un exercice prolongé. Ces résultats suggèrent qu'une supplémentation en Cordymax Cs-4 peut avoir des effets circulatoires et métaboliques bénéfiques au cours de l'exercice submaximal chez des athlètes d'endurance.
Cependant, une étude récente a testé le Cordyceps sinensis sur des athlètes professionnels fortement entraînés et, contrairement aux résultats de la plupart des autres études réalisées sur la performance physique d'athlètes non-professionnels, elle n'a pas montré d'effet appréciable d'augmentation de la performance. Ces sujets étaient peut-être déjà au meilleur de leur forme et une augmentation de l'ATP disponible ou de l'utilisation de l'oxygène sans valeur physiologique significative pour eux.
Il semblerait donc que le Cordyceps puisse nous apporter cette énergie supplémentaire dont nous avons besoin pour affronter le stress de la vie quotidienne moderne.
Un effet bénéfique sur le système respiratoire
Le Cordyceps a un vaste passé d'utilisation dans le traitement de bronchites chroniques, particulièrement chez les personnes âgées, dans celui de l'asthme, des maladies pulmonaires chroniques obstructives, de la tuberculose et d'autres maladies du système respiratoire. Sa réputation de pouvoir protéger les poumons vient de sa capacité à favoriser une meilleure utilisation de l'oxygène.
Des études ont montré que des extraits de Cordyceps sinensis inhibent les contractions de la trachée, ce qui est particulièrement important chez des patients asthmatiques à qui il permet d'augmenter le flux d'air vers les poumons.
L'un des effets pharmacologiques les plus intéressants du Cordyceps sur le système respiratoire implique l'expectoration et la toux. Dans des études animales précliniques, un extrait de Cordyceps Cs-4 augmente, chez des rats, la sécrétion à l'intérieur de la trachée avec un pic atteint deux heures après la prise du supplément, facilitant ainsi l'expectoration. On a également prouvé que le Cordyceps exerce une action antitussive. Ainsi un traitement avec du Cordyceps Cs-4 a été efficace chez des souris sur une toux induite de façon expérimentale. Cet effet était similaire à celui de la codéine à 60 mg/kg.
Dans une étude clinique contrôlée, des patients souffrant de maladies respiratoires ont rapporté, après avoir pris du Cordyceps sinensis pendant 1 mois, se sentir physiquement plus forts. Certains d'entre eux ont même été capables de courir sur 20 mètres. Le traitement avec le Cordyceps Cs-4 a semblé extrêmement efficace, avec un taux d'efficacité total de 82,9 % contre 40,2 % dans le groupe témoin.