Le Dr Thierry Hertoghe est un expert international reconnu des traitements hormonaux antiâge. Il a formé plusieurs milliers de médecins à l'utilisation des traitements hormonaux dans leur pratique quotidienne. Ayant commencé à exercer comme médecin généraliste, le Dr Thierry Hertoghe s'est ensuite consacré à l'utilisation des hormones, recherchant et développant des traitements hormonaux pour ses patients.
Thierry Hertoghe est l'actuel président de l'International Hormone Society (plus de 1 800 médecins), président de la World Society of Anti-Aging Medicine (près de 3 900 médecins), membre du bureau de l'European Organization of Scientific Anti-Aging Medicine (Paris) et conseiller de multiples sociétés savantes nationales, incluant l'American Academy of Anti-Aging Medicine (Chicago).
Il est l'auteur de The Hormone Handbook, un ouvrage en anglais pratique et très complet de plus de 600 pages, destiné aux médecins. Cet ouvrage explique comment diagnostiquer et détecter les carences hormonales et les traiter, par des hormones mais aussi en améliorant par exemple leur alimentation. Le livre est consacré pour moitié aux références scientifiques qui valident et justifient ces traitements.
Quelle est la place de l'hormonothérapie dans la médecine antiâge ?
Dr Thierry Hertoghe : Elle est prépondérante. Sans hormonothérapie, on ne fait pas de médecine antiâge très efficace. Sans hormonothérapie, c'est-à-dire sans corriger des déficits hormonaux qui apparaissent avec l'âge, on n'obtient pas une médecine antiâge très efficace. L'hormonothérapie améliore la personne de l'intérieur ou, en tout cas, ralentit le vieillissement de l'intérieur, tandis que l'utilisation de traitements comme le Botox® ne fait qu'effacer des traces extérieures du vieillissement. Et puis, malgré tout, c'est injecter une substance qui est un peu toxique. Si l'on veut vraiment ralentir le vieillissement, voire même, lorsque c'est possible, légèrement l'inverser, il faut une hormonothérapie.
Maintenant, elle va être surclassée dans un futur plus ou moins proche par les thérapies à base de cellules souches. Par exemple, on peut ainsi par ce moyen faire repousser des dents. Des essais ont été réalisés sur des animaux. Grâce à des cellules souches, chez des rats, on peut faire réapparaître des dents. Un autre exemple : chez certaines souris complètement aveugles, en réimplantant des cellules souches dans leur rétine - dans la partie de l'œil qui voit la lumière -, on peut leur faire retrouver une vision, même si c'est seulement une faible vision.
Cette partie de la médecine permettra plus tard d'implanter des cellules souches dans les glandes endocrines d'une personne. Ces cellules referont de bonnes glandes qui seront à nouveau capable de produire efficacement leurs propres hormones. Je pense que cette médecine-là va surclasser l'hormonothérapie.
Mais lorsque vous dites plus tard, c'est à quel horizon ?
Dr Thierry Hertoghe : Dix à trente ans, je dirais.
Mais pour le moment, l'hormonothérapie est toujours d'actualité.
Dr Thierry Hertoghe : Elle est prépondérante et à mon avis restera toujours aussi importante. Car même si on corrige les glandes en utilisant des cellules souches, pour de tout petits déficits on utilisera certainement encore des hormones. Il y aura plutôt une interaction entre ces deux thérapies et toutes deux deviendront des thérapies prépondérantes. Je pense que l'avenir s'annonce très prometteur et que cette association sera probablement dans le futur plus importante que l'hormonothérapie seule. Pour l'instant, l'hormonothérapie est de loin le meilleur traitement antiâge.
À partir de quel âge doit-on penser à une hormonothérapie ?
Dr Thierry Hertoghe : Chez la plupart des personnes, les taux hormonaux commencent à descendre à partir de 30 ans. Chez une femme, par exemple, à partir de 30 ans, dans sa deuxième phase - la phase lutéale où elle fabrique plus d'hormones féminines -, ses œstrogènes et sa progestérone commencent à diminuer de façon significative. La DHEA, elle, diminue beaucoup plus vite à partir de cet âge ; c'est également le cas de l'hormone de croissance.
Donc à partir de 35 à 50 ans, il faut y penser et même ne pas trop tarder à combler ces déficits. Beaucoup de patients ne sont motivés à se traiter que lorsqu'ils ont des problèmes et qu'ils sentent vraiment l'effet des carences. Et ils ne le sentent que lorsqu'elles commencent à apparaître. Il faut plus de 20 % de déficit d'une hormone pour vraiment commencer à se plaindre sérieusement. Et c'est pour cette raison que certains patients ne sont motivés à se traiter que tardivement. L'idéal serait d'envisager une petite hormonothérapie pour une ou plusieurs hormones à partir de 30 ans. On éviterait alors un certain vieillissement du corps et, en tout cas, on le ralentirait fortement.
Quels sont les signes précurseurs d'un déficit hormonal ?
Dr Thierry Hertoghe : Parmi les signes précurseurs, il y a des signes psychologiques ou mentaux. On commence par exemple à être un peu plus fatigué toute la journée, cela peut être notamment dû à une carence en hormones sexuelles. Ou bien on se sent fatigué le matin par une carence thyroïdienne ou alors on résiste moins bien au stress avec une carence en cortisol.
Lorsque l'on se sent un peu plus fatigué et d'humeur un peu plus pessimiste, plus triste, on se dit que c'est à cause du temps, que c'est parce que nous sommes confrontés à des situations stressantes. Mais, en fait, c'est souvent aussi parce que les taux d'hormones ont diminué. On a un état d'esprit un peu moins bon que précédemment, alors que l'on était plein d'enthousiasme vers 25 ans.
À condition bien sûr de ne pas avoir été carencé à cet âge. Car il y a beaucoup de jeunes qui, à cause d'une mauvaise alimentation, ont déjà, à 25 ans et même dès 15 ans, des carences hormonales. Celles-ci pourraient être traitées en grande partie par une amélioration de l'alimentation.
La deuxième catégorie de signes, ce sont des signes physiques. On commence à avoir un tonus musculaire moins important. Je dirais que c'est presque le signe principal lorsque la musculature devient moins ferme et commence un peu à se relâcher. On se dit : « Oh, je ne fais pas assez de sport. » Si ces personnes font du sport, elles vont consommer toutes leurs hormones dans les muscles qu'elles vont exercer et là, il y aura certes de bons muscles mais ailleurs, cela va commencer à se relâcher davantage. Ce sera par exemple le cas du visage. Et ce manque de tonus du corps, de petites rides qui apparaissent au coin des yeux et éventuellement au-dessus des lèvres supérieures chez la femmes, sont des signes de carences en hormones sexuelles. Ce sont un peu les premiers signes mais il y en a d'autres, comme les yeux qui deviennent plus secs par carence en hormones sexuelles ou en DHEA, et les cheveux qui, au lieu d'avoir du volume, s'aplatissent et se ternissent. Parmi les premiers signes également, un indice assez important surtout de manque d'hormones sexuelles, c'est la pâleur. La personne devient plus pâle, sa peau est plus claire et elle brunit moins bien au soleil par manque d'hormones sexuelles surtout. Manque d'hormones féminines chez la femme, manque d'hormones mâles chez l'homme. Donc à distance, on peut déjà facilement voir les premiers pas du vieillissement dus essentiellement à des carences hormonales.
Prenons l'exemple de la DHEA : quand et comment faut-il envisager de se supplémenter ?
Dr Thierry Hertoghe : On donne en moyenne 20 mg chez la femme et en moyenne 35 mg chez l'homme. Chez l'homme, toujours 50 % de plus parce qu'il en fabrique 50 % de plus. Mais ce sont seulement des doses moyennes. Pour certains, ce sera moins et pour d'autres, plus. C'est un traitement qui commence à être nécessaire à partir de 30 ans. Pour une femme, le problème de prendre de la DHEA à 30 ans, c'est que c'est une hormone qui peut se transformer en hormone mâle plutôt qu'en hormone féminine. Et si elle a des carences en hormones féminines, elle pourrait très légèrement se viriliser. Parce que la testostérone, une hormone typiquement mâle, est fabriquée à partir de la DHEA. Elle doit donc faire très attention : pour ma part, j'ai tendance à ne pas donner de DHEA à une femme si je ne lui donne pas également des hormones féminines. Un bon équilibre entre les hormones doit être atteint. C'est très important.
Est-ce que des déficiences en mélatonine se produisent avec le vieillissement ?
Dr Thierry Hertoghe : La mélatonine est également une hormone qui diminue relativement vite. Mais c'est une hormone un peu particulière dans le sens que vers l'âge de six ou sept ans on a un maximum de mélatonine et les enfants dorment très bien. Au fur et à mesure, elle descend : à l'adolescence, elle diminue suffisamment pour permettre la puberté. On ne pourrait pas entrer en puberté si la mélatonine restait trop élevée. Elle bloque un peu les hormones sexuelles chez l'enfant dans tous les cas. Dans la grossesse, par contre, si on donne de la mélatonine, elle va au contraire améliorer la grossesse.
Trop de mélatonine, ce n'est pas bien non plus : il faut donner la bonne dose.
La mélatonine diminue donc graduellement. Lorsque quelqu'un prend de l'âge, par exemple, son sommeil devient un peu plus superficiel, il lui est un peu plus difficile de s'endormir et il lui est un peu plus difficile de se rendormir lorsqu'il se réveille au milieu de la nuit. La mélatonine est donc conseillée dans ce cas et peut être donnée seule sans autre hormone.
La carence en mélatonine commence très tôt. C'est une hormone à laquelle il faut penser dès l'âge de 30 ans. Par exemple, lorsque j'étais enfant, j'aurais dû prendre de la mélatonine parce que j'éprouvais beaucoup de difficultés à m'endormir. Je devais même lire un livre en cachette et j'ai compté un nombre incalculable de moutons ! Mais, maintenant, avec la mélatonine - j'en prends depuis environ 13 ans -, je n'ai plus de problème, je dors comme un ange et j'ai un sommeil de bébé.
Mais la mélatonine a d'autres effets bénéfiques, elle n'agit pas seulement sur la qualité du sommeil.
Dr Thierry Hertoghe : Sur le sommeil, c'est son effet le plus évident. Il y en a plusieurs autres et surtout un dont il ne faut pas sous-estimer l'importance. La mélatonine aide à avoir de bons rythmes circadiens. Nous avons des rythmes circadiens : au cours de la nuit, nous avons des niveaux plus élevés de mélatonine et plus bas le jour, tandis que c'est l'inverse pour d'autres hormones. Certaines sont plus élevées le matin qu'à d'autres moments de la journée. La mélatonine permet de synchroniser de bons rythmes circadiens, ce qui fait qu'on sécrète les hormones au bon moment. C'est quelque chose de très important. Il est important de souligner ici qu'il faut prendre la mélatonine avant le coucher et pas à un autre moment, sauf lorsque l'on a une maladie un peu particulière, un cancer par exemple. La mélatonine est aussi un antioxydant très particulier, très puissant, qui va empêcher toutes sortes de petites réactions d'oxydation, des petits feux allumés partout qui abîment le corps. La mélatonine va plutôt protéger le corps, surtout la nuit, en particulier le cerveau dont elle est proche. Parce que le cerveau fabrique beaucoup de réactions d'oxydation et qu'il faut vraiment le protéger contre elles. Cela ralentit aussi le vieillissement dont le mécanisme principal est lié au fait d'avoir trop de radicaux libres qui sont fabriqués par des réactions d'oxydation.
La mélatonine peut le faire, contrairement à d'autres antioxydants, partout où elle va, aussi bien dans la phase aqueuse que dans la phase graisseuse des cellules. Elle rentre là où il faut, dans n'importe quel compartiment de la cellule.
Parmi les autres réactions, mentionnons aussi que la mélatonine est une hormone qui calme. Il existe deux sortes d'hormones : les hormones orthosympathiques qui excitent et les hormones parasympathiques qui calment. La mélatonine calme, relâche les muscles. Elle relâche pratiquement tous les muscles. Lorsque par exemple on donne de la mélatonine à des souris et que l'on éteint la lumière - il faut éteindre la lumière pour qu'elle agisse -, elles se détendent très bien et très rapidement.
Il y a d'autres effets encore. En cas de maladie cardiaque, les taux de mélatonine sont très bas. En fait, lorsque l'on produit des infarctus expérimentaux chez l'animal et que l'on donne beaucoup de mélatonine, on limite très fortement les dégâts de l'infarctus à un quart ou un tiers de ce que cela devrait être. La mélatonine confère la même protection à tous les organes. Si chez l'animal on essaye d'empêcher le sang d'arriver au foie pendant un certain temps, la mélatonine va fortement protéger le foie contre les dégâts. C'est également le cas au niveau de l'estomac
Elle est utile également si l'on prend l'exemple du téléphone portable. Lorsque l'on place un téléphone cellulaire près de la peau d'un animal, cela fabrique beaucoup de radicaux libres. Avec de la mélatonine, on diminue très fortement cette production. Toutes les personnes qui utilisent intensément les téléphones portables devraient prendre un peu de mélatonine, en tout cas le soir.
Cela veut-il dire que la mélatonine est particulièrement utile chez les femmes au moment de la ménopause, lorsque leur risque cardio-vasculaire augmente ?
Dr Thierry Hertoghe : Oui, au moment de la ménopause, il faut supplémenter en mélatonine. Mais une étude a montré que si la femme était trop carencée en hormones féminines, la mélatonine n'agissait pas bien. Dans ce cas-ci, il faut ajouter des hormones féminines pour que la mélatonine soit bien efficace.
Et la prégnénolone, pourquoi une supplémentation ?
Dr Thierry Hertoghe : La prégnénolone sert en fait à améliorer la mémoire, de façon assez nette. J'en prends moi-même 50 mg chaque jour au matin. Il faut absolument, et cela est très important, la prendre le matin. Si on la prend le soir avant de se coucher, cela semble ne pas fonctionner.
Par contre, une prise matinale de prégnénolone, prise d'une certaine façon, avant de l'utiliser, fonctionne très bien.
La prégnénolone est considérée comme un précurseur de toute une série d'autres hormones. Mais si l'on a plus de 35 ans, cette transformation ne se passe pas très bien. Elle devrait théoriquement se transformer en hormones sexuelles, en hormones surrénaliennes, en progestérone
mais en réalité, cela ne se passe pas très bien chez une majorité de patients après 35 ans. Il faut donc plutôt la voir comme une hormone typiquement pour la mémoire et, éventuellement, dans certaines pathologies nerveuses. Par exemple, lorsqu'on lèse certains nerfs chez l'animal au niveau de la moelle épinière, on a vu que la prégnénolone permettait une réparation de ce nerf plus rapide et plus efficace.
Parlez-moi de l'ouvrage The Hormone Handbook que vous avez écrit pour les médecins.
Dr Thierry Hertoghe : The Hormone Handbook, c'est un livre qui est de loin le grand best-seller de la thérapie hormonale. C'est un ouvrage que j'ai vraiment beaucoup vendu. Habituellement, lorsqu'un livre se vend bien en médecine spécialisée, on en vend 400 exemplaires au maximum. Ce sont des livres spécialisés. Et, là, les ventes ont déjà dépassé 2 000 à 2 500 exemplaires en un à deux ans. Cela veut dire qu'il répond vraiment à une demande. Ce livre permet aux médecins non seulement de très bien savoir comment diagnostiquer et détecter les carences hormonales, mais il leur explique aussi comment faire, pas seulement en donnant des hormones, mais aussi en améliorant par exemple l'alimentation ou en donnant d'autres hormones. Tout cela est très bien expliqué. De multiples problèmes peuvent surgir au cours d'un traitement : le livre explique comment les résoudre. Le grand avantage également pour le médecin, c'est que la moitié du livre est remplie de très bonnes références scientifiques qui permettent de valider, de justifier leur traitement et de les protéger face à bien des institutions, comme le Conseil de l'ordre des médecins. C'est un livre indispensable, non seulement pour ceux qui prescrivent, mais aussi pour ceux qui prennent des hormonothérapies. J'ai écrit ce livre, mais j'aurai préféré l'avoir eu en ma possession bien plus tôt. Si j'avais trouvé ce livre il y a 20 ans, il m'aurait sauvé de 20 ans de souffrances et de 20 ans d'angoisse, et aurait, je pense, nettement amélioré mes traitements, me permettant de gagner quelque part 20 ans de carrière.
Et encore, j'ai un avantage que d'autres médecins n'ont pas : c'est que de pères en fils, je dirais depuis quatre générations - je représente la quatrième génération -, nous avons travaillé dans le même secteur médical de l'hormonothérapie. Et nous nous sommes transmis toutes sortes de petits trucs, d'informations qui permettent de mieux traiter le patient. Si j'avais été un médecin commençant sans ce feedback, je n'aurais certainement jamais pu écrire ce livre. The Hormone Handbook est extrêmement pratique et permet vraiment de résoudre beaucoup de problèmes. Je reçois régulièrement des félicitations. Beaucoup de médecins le mettent à côté de leur lit : avant de s'endormir, ils en lisent un ou deux chapitres. Parce que tout lire en une fois, c'est impossible. Je suis en train d'écrire un livre pour les patients qui, lui, sera probablement traduit en français.
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