Qu'est ce que l'évaluation de l'âge physiologique ?
Dr Christophe de Jaeger : Il s'agit du premier temps incontournable de toute prise en charge du vieillissement. Vouloir intervenir sur un processus aussi complexe que le vieillissement nécessite une approche globale de nos systèmes physiologiques. La mesure de l'âge physiologique va permettre d'avoir une idée objective du vieillissement d'un individu donné à travers l'évaluation d'un certain nombre de systèmes : vasculaire, cardiaque, cérébral, neurosensoriel, osseux, masse grasse, masse maigre ... |
La maladie artérielle survient en fait beaucoup plus tard. Nous pouvons mesurer cette rigidité artérielle et ainsi avoir une idée très précise du stade de vieillissement artériel de la personne examinée. Dépister un vieillissement accéléré peut se traduire par le fait qu'à 50 ans, on ait l'artère de quelqu'un de 60 ou 70 ans. Plus tôt on interviendra, plus on aura de chances de le faire efficacement. |
Cela peut se faire à partir de quel âge ? |
Dr de Jaeger : On peut interférer avec le processus du vieillissement à partir de n'importe quel âge mais notre capacité d'intervention sera d'autant plus limitée que l'on intervient tard. Dans la première phase de la vie, de 0 à 18/20 ans, c'est la phase de croissance, extraordinairement complexe, pendant laquelle se mettent en place un grand nombre de mécanismes. |
Je pense qu'on n'a pas le droit d'intervenir à ce moment-là. Ensuite, de vingt à trente ans, c'est le sommet de la forme. Il serait intéressant d'avoir un premier bilan pendant cette période. Pas pour une prise en charge mais pour savoir où on en est. Connaître l'optimum physio-logique d'un individu nous permettra d'avoir des références pour le reste de sa vie. Il nous arrive de plus en plus souvent d'avoir des jeunes de 25 ans qui viennent, envoyés par leurs parents de 50 ans, juste pour avoir ce bilan de base, ce bilan de référence. |
Mais actuellement, vous n'avez pas ces informations ?
Dr de Jaeger : Aujourd'hui, c'est impossible. Nous travaillons toujours par rapport à des moyennes. Mais dès le second bilan d'âge physiologique, nous sortons de cette logique de moyennes parce que nous avons un point de référence et pouvons nous y référer. Pouvoir aujourd'hui proposer aux plus jeunes un check-up d'évaluation physiologique me paraît très intéressant. |
Qu'est-ce qui va permettre d'agir sur cette artère ?
Dr de Jaeger : on peut observer une évolution après une prise en charge nutritionnelle et/ou portant sur l'exercice physique ou certaines conduites de vie. Cela peut être également après une supplémentation en vitamines, en hormones ou après tout un ensemble de mesures. |
Plus on intègre de paramètres dans cette prise en charge, plus on de chances d'intervenir avec succès. Mais encore faut-il évaluer les gens et les tester bio-logiquement, savoir effectivement s'ils ont une carence en telle vitamine, en tel oligo-élément, en telle hormone et voir, ensuite, comment tout cela inter-réagit. Car là encore, nous sommes tous très inégaux au plan physiologique. Ce qui peut fonctionner à merveille avec une personne est voué à l'échec avec une autre, d'où l'importance d'évaluer l'ensemble des paramètres régulièrement. |
Vous pouvez donner des exemples d'intervention ?
Dr de Jaeger : Les grands facteurs de risque vasculaire sont le cholestérol, l'hypertension, le tabagisme. Viennent ensuite le diabète, la surcharge pondérale ou la sédentarité. Ce sont les grands paramètres sur lesquels agissent habituellement les médecins. |
Comment le décelez-vous ?
Dr de Jaeger : Nous faisons une prise de sang qui a trois volets. Un premier qui s'intéresse au vieillissement d'un certain nombre d'organes comme le foie, le pancréas, le rein mais aussi le système immunitaire, les protéines, la nutrition
, un volet hormonal pour les systèmes stéroïdien et thyroïdien qui analyse toutes les hormones et un troisième volet consacré à l'analyse du système anti-radicalaire, vitamines, oligo-éléments, enzymes, ... |
Par exemple ?
Dr de Jaeger : Une concentration plasmatique faible en testostérone et une minéralisation osseuse faible. En observant une faible densité osseuse chez un homme de 50 ans, on découvre un important déficit en testostérone. C'est quelque chose que l'on voit très souvent à 50 ans. |
Quels vont être ces signes physiologiques ?
Dr de Jaeger : Ils sont multiples. Pour la thyroïde, cela peut être la fréquence cardiaque ou, encore, le volume d'éjection systolique. Cela peut jouer sur les systèmes neuro-sensoriels, sur la mémoire. C'est en fait l'inter-corrélation de tous ces résultats qui permet de cerner l'individu de la façon la plus précise possible. |
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A quoi est du ce changement ?
Dr de Jaeger : A une prise en charge globale. Celle-ci varie d'un individu à l'autre et il n'y a pas de réponse unique. La correction de l'ensemble des carences, progressivement, dans le respect de la physiologie de l'individu, permet d'obtenir des résultats. Mais nous avançons très prudemment parce que chaque individu réagit différemment et en particulier en fonction de ses capacités enzymatiques. |
Par rapport au traitement hormonal substitutif (THS) chez la femme de 50 ans, que faut-il faire ou ne pas faire avec l'étude américaine qui est sortie pendant l'été ?
Dr de Jaeger : Les résultats de l'étude américaine WHI ont fait beaucoup parler d'eux. En fait, cette médiatisation en France est curieuse dans la mesure où les hormones utilisées par les femmes américaines sont différentes de celles utilisées en France et qu'enfin, les médecins américains utilisent d'autres protocoles que les Français. La seule conclusion que l'on pouvait scientifiquement tirer des travaux américains est que nous devrions faire la même étude en France avec des protocoles français. Au lieu de cela, l'Association Française de la Ménopause (AFM) et l'Agence du Médicament préconisent une prise minimaliste du THS (doses minimales et durée de 5 ans, éventuellement renouvelable en fonction de la récidive des bouffées de chaleur ou de l'existence de risque osseux). Cette attitude est contraire au bon sens physiologique. Dans le cadre des publications de physiologie, on observe que plus les taux oestrogéniques sont élevés, plus l'artère est souple. A l'opposé, plus les taux d'oestrogènes sont bas, plus le système artériel vieillit et se rigidifie. |
On peut donc réellement interférer avec le vieillissement ?
Dr de Jaeger : Oui, nous pouvons vraiment agir sur le vieillissement d'un être humain. |
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