Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), il existe treize variétés de céphalées. La migraine est la première et la plus fréquente d'entre elles. On estime que 240 millions de personnes dans le monde souffrent chaque année de crises de migraine. Elle affecte 12 % des Français, avec une nette préférence pour les femmes dont elle touche 17,6 %. La recherche a montré que des extraits de plantes comme la grande camomille (feverfew en anglais) ou la pétasite peuvent réduire la fréquence, la durée et la douleur des crises de migraine. La caféine, quant à elle, peut aider à soulager la douleur en bloquant l'adénosine.
Parmi les autres variétés de céphalées, certaines, fréquentes, surviennent au cours d'affections ou de situations ponctuelles comme une forte fièvre, une grippe, un traumatisme crânien, un glaucome aigu
D'autres, qui rassemblent moins de 10 % des cas, relèvent des urgences neurologiques. C'est notamment le cas des hémorragies méningées qui se manifestent brutalement « en coup de tonnerre », de méningites ou d'encéphalites provoquant des céphalées fébriles qui s'installent en quelques heures ou quelques jours et sont associées à d'autres signes neurologiques, ou encore des tumeurs cérébrales qui s'accompagnent de céphalées dont la gravité s'intensifie au fil des semaines, voire des mois.
Enfin, beaucoup plus fréquentes, les céphalées chroniques quotidiennes - ou céphalées de tension - qui se traduisent par un mal de tête permanent depuis de nombreuses années, présent du matin au soir et du soir au matin.
Des crises répétitives de céphalées
La migraine est un mal de tête qui évolue en crises répétitives de céphalées, dont la sévérité peut nécessiter l'alitement. Elles sont séparées par des intervalles libres de toute douleur. Ces crises peuvent être précédées de manifestations neurologiques transitoires (aura). Sans traitement, les crises de migraines durent de 4 à 72 heures. La céphalée s'accompagne fréquemment de troubles digestifs, nausées, vomissements, gênant l'absorption des médicaments.
Chez la moitié des migraineux, la durée des crises est relativement courte et varie entre 2 et 6 heures. Un quart des migraineux présente des crises de 24 heures ; 10 % souffrent pendant 48 heures. Les trois quarts des migraineux ont entre une crise par semaine et une crise par mois, 10 % souffrent de plusieurs crises par semaine.
L'implication de la sérotonine
Outre la douleur, les symptômes de la migraine concernent la vasodilatation de vaisseaux intracrâniens et le contrôle réflexe de l'appareil digestif (nausées, vomissements
) pour lesquels plusieurs substances neuroactives jouent un rôle régulateur. En particulier, la sérotonine, un neurotransmetteur, semble avoir une place importante dans la crise de migraine.
Dans la circulation sanguine, la sérotonine est stockée dans les plaquettes. Lorsque des tissus sont atteints, sa libération déclenche la vasoconstriction locale et contribue ainsi à stopper l'épanchement sanguin. La sérotonine est également présente dans des cellules de l'intestin où sa libération peut être à l'origine d'un réflexe de vomissement.
Des chercheurs ont pu associer crise de migraine et diminution du taux sanguin de sérotonine. L'administration par voie intraveineuse de réserpine, une substance provoquant une diminution de la sérotonine, et d'autres protéines peut déclencher une migraine chez un sujet migraineux. À l'inverse, des injections de sérotonine peuvent enrayer la crise.
Des anomalies ont également été observées dans les plaquettes de certains migraineux, notamment une sensibilité accrue à la sécrétion et à l'agrégation.
La grande camomille (feverfew en anglais) inhibe la libération de la sérotonine
La grande camomille (Tanacetum parthenium, ou feverfew en anglais) est une plante annuelle de la famille des composacées. Des préparations à base de cette plante aromatique sont utilisées depuis l'Antiquité pour prévenir migraines et autres types de maux de tête.
Au xviie siècle, un herboriste anglais a écrit que la grande camomille était utile dans le traitement de « toutes les douleurs de la tête ». Des études concernant la capacité de la grande camomille à prévenir la migraine sont apparues en nombre important à la fin des années 1970.
En 1985, des chercheurs ont regardé 17 migraineux qui utilisaient déjà la grande camomille pour prévenir la migraine. Dans cette étude en double aveugle, contrôlée contre placebo, 8 personnes ont continué à prendre de la grande camomille tandis que 9 d'entre elles recevaient un placebo. Les sujets qui ont cessé de prendre de la grande camomille ont rapporté avoir davantage de crises de migraines, qui étaient aussi plus sérieuses. Ces résultats suggèrent que la grande camomille prévient réellement la migraine1. Dans une autre étude croisée, contrôlée contre placebo et en double aveugle, la prise d'une gélule de feuilles séchées de grande camomille a diminué la fréquence et la sévérité de leurs migraines ainsi que les nausées et vomissements2.
Un autre essai a été conduit sur 170 patients migraineux. Au début de l'essai, la fréquence des migraines était approximativement de cinq crises sur une période de 4 semaines. Les sujets ont reçu de façon aléatoire trois fois par jour un placebo ou un extrait de grande camomille pendant 16 semaines. Le traitement avec l'extrait de grande camomille a ramené la fréquence des crises à deux par mois3.
Des études cliniques ont donc montré que la grande camomille diminue l'intensité de la douleur et réduit de façon importante la sévérité des symptômes généralement associés aux crises de migraine (nausées, vomissements, sensibilité au bruit et à la lumière).
La grande camomille renferme un principe actif, le parthénolide, un sesquiterpène lactone, dont l'effet bénéfique dans la prévention des maux de tête a fait l'objet d'un certain nombre de recherches. Ces études montrent entre autres que le parthénolide exerce un effet anti-inflammatoire en inhibant la libération, par les plaquettes sanguines, de la sérotonine. Les extraits de grande camomille ont également des effets sur l'agrégation plaquettaire, inhibent la biosynthèse des eïcosanoïdes et la phospholipase A plaquettaire ; tous ces processus étant associés à l'étiologie de la migraine. Le parthénolide se lie spécifiquement à la protéine IKK-bêta et inhibe son action qui intervient dans le processus inflammatoire de l'organisme.
La grande camomille est approuvée en Grande-Bretagne et au Canada pour le traitement de la migraine. De même l'Escop et l'Organisation mondiale de la santé reconnaissent l'efficacité des feuilles de la grande camomille dans le traitement de la migraine.
La pétasite hybride réduirait de 50 % la fréquence des crises de migraine
La pétasite (Petasites hybridus, ou butterbur en anglais) est un arbuste que l'on trouve en Europe et dans certaines régions d'Afrique et d'Asie. La recherche moderne a découvert que les extraits de pétasite contiennent des ingrédients actifs qui préviennent la migraine. La pétasite est prescrite depuis plus de 30 ans en Allemagne aux personnes souffrant de migraines.
La pétasite contient deux sesquiterpènes, la pétasine et de l'isopétasine. On a montré que la pétasine est un puissant agent anti-inflammatoire qui ralentirait la production de leucotriènes par l'organisme. Avec moins de leucotriènes, il y a moins de risque que les vaisseaux sanguins s'enflamment et qu'une migraine se développe. L'isopétasine réduit également l'inflammation mais en modulant le métabolisme des prostaglandines. Ensemble, ces deux ingrédients ont un effet antispasmodique sur les parois des vasculaires avec une affinité marquée pour les vaisseaux sanguins cérébraux.
Des chercheurs allemands ont conduit une étude clinique randomisée, contrôlée contre placebo, en double aveugle en utilisant un extrait standardisé de pétasite. 60 patients souffrant de migraine avec ou sans aura ont reçu de façon aléatoire deux fois par jours pendant douze semaines 50 mg d'un extrait standardisé de pétasite ou un placebo. À la fin des tests, les chercheurs ont constaté que, par rapport au placebo, la pétasite hybride avait réduit la fréquence des crises de migraine et le nombre de jours avec migraine ainsi que la fréquence des symptômes qui les accompagnaient. Par rapport au début de l'étude, au bout de quatre semaines, l'extrait de pétasite avait réduit la fréquence des crises de migraine de 46 % et de 50 % après 12 semaines 4. Les chercheurs ont également observé que l'extrait avait réduit le nombre total de jours de migraine.
Une autre étude est venue confirmer ces résultats. Elle a porté sur 245 personnes âgées de 18 à 65 ans souffrant de migraines avec ou sans aura. Chaque sujet avait deux à six crises par mois depuis au moins 3 mois au début de l'étude. Les sujets ont reçu deux fois par jour pendant quatre mois 75 mg d'un extrait de pétasite ou un placebo. La supplémentation en pétasite a réduit la fréquence des migraines d'environ 48 %. Les chercheurs ont noté que l'efficacité de l'extrait de pétasite était équivalente à celle de médicaments pharmaceutiques antimigraines traditionnels5.
Un traitement de fond est jugé efficace lorsqu'il permet de réduire la fréquence des crises de migraine d'au moins 50 %. Les traitements de fond majeurs ont généralement, dans les essais contrôlés, une efficacité supérieure en moyenne de 40 % à celle du placebo.
Le guarana, riche en caféine, peut aider à soulager la migraine
Le nom de la plante vient des Guarani, des Amérindiens de l'Amazonie qui consommaient le guarana durant les périodes de disette pour mieux supporter la faim. Le guarana est encore utilisé comme plante médicinale dans plusieurs pays d'Amérique du Sud.
L'examen chimique des graines de guarana a été fait pour la première fois au xviie siècle par le botaniste allemand Theodore von Martius. Il a isolé une substance amère, le principe actif, qu'il a baptisé guaranine, en fait, de la caféine.
Les recherches sur le guarana ont débuté en France et en Allemagne dans les années 1940 et ont confirmé ses utilisations traditionnelles par les Indiens pour traiter les maux de tête, les crampes, les fièvres et comme tonique.
La caféine peut jouer un rôle important dans les migraines. La caféine vient occuper les récepteurs de l'adénosine situés à la surface des neurones sans les activer. En fait, elle les bloque en profitant de ce que sa forme est similaire à celle de l'adénosine, empêchant cette dernière de se lier à ses récepteurs et stoppant ainsi son action. L'adénosine est un neuromodulateur qui module ou contrôle l'activité de neurotransmetteurs incluant la sérotonine, la norépinéphrine, la dopamine et l'acétylcholine.
Au cours d'épisodes migraineux, la concentration d'adénosine est augmentée au-dessus de la normale dans le crâne et le cou6. Cette augmentation peut atteindre 68 %. L'adénosine est responsable de douleurs périphériques et est un vasodilatateur, expliquant la douleur à la tête et la dilatation vasculaire associées à la migraine. En bloquant l'adénosine, la caféine peut donc aider à soulager la migraine.
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Références :
1. Johnson E.S. et al., « Efficacy of feverfew as prophylactic treatment of migraine », Br. Med. J., Clin. Res. Ed., 1985 Aug 31, 52(1):155-63.
2. Murphy J.J. et al., « Randomized double-blind placebo controlled trial of feverfew in migraine prevention », Lancet, 1988 Jul 23, 2 (8604):189-92.
3. Diener H.C. et al., « Efficacy and safety of 6,25 mg tid feverfew CO2-extract in migraine prevention : a randomized, double-blind, multicentre placebo-controlled study », Cephalagia, 2005 Nov, 25(11):1031-41.
4. Grossman M. et al., « An extract of Petasites hybridus is effective in the prophylaxis of migraine », J. Clin. Pharmacol. Ther., 2000 Sept, 38(9):430-435.
5. Lipton R.B. et al., « Petasite hybrydus root is an effective preventive treatment for migraine », Neurology, Dec 28 2004, 6:2240-2244.
6. Guieu R. et al., « Adenosine and migraine », Can. J. Neurol. Sci., 1998 Feb, 25(1):55-8.
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