Les démences séniles sont définies comme la régression des facultés mentales du sujet âgé. La maladie d'Alzheimer en fait partie. Sa caractéristique fondamentale est l'altération de la cognition (capacité à évoluer dans son environnement), notamment la dysmnésie (difficulté à mémoriser). D'autres signes sont importants : troubles du langage et de la gnosie (connaissances acquises de l'environnement par perception sensorielle), apraxie (coordination anormale des mouvements vers un but proposé), troubles du comportement (émoussement affectif, réactions anxio-dépressives, irritabilité, hallucinations visuelles et auditives ) et perte de l'autonomie L'altération du système de transmission de l'influx nerveux via l'acétylcholine a un rôle central dans le déclin cognitif. Il correspond à une réduction du nombre de récepteurs nicotiniques spécifiques du neurotransmetteur acétylcholine. La dégénérescence du système cholinergique évolue vers la mort des neurones. Trois approches thérapeutiques ont été employées dans une tentative d'amélioration de la neurotransmission nicotinique : l'augmentation de la synthèse d'acétylcholine, l'activation des récepteurs nicotiniques et l'inhibition de l'acétylcholinestérase, enzyme responsable de la dégradation du neurotransmetteur (I). Le choix thérapeutique actuel est orienté vers les inhibiteurs de l'acétylcholinestérase (tacrine, rivastigmine, donepezil ). Mais, ils ne produisent une amélioration symptomatique qu'à court terme. |
Un alcaloïde issu du perce-neige
La modulation allostérique* des récepteurs incriminés dans la déficience mentale est une nouvelle approche. Un des plus puissants modulateurs allostériques est la galantamine, un alcaloïde tertiaire issu du perce-neige commun (Galanthus nivalis L., Amaryllidaceae). |
Une efficacité testée dans de grandes études cliniques
La galantamine a été testée dans plusieurs grandes études randomisées en double aveugle (galantamine versus placebo). Son efficacité a été démontrée après 3 à 6 mois de traitement avec 16 à 32 mg/j. Le degré d'atteinte cognitive a été évalué par 11 questions : plus le score est élevé, plus l'atteinte est sévère. Les statistiques ont montré que le score des patients sous galantamine a diminué, alors que celui des patients sous placebo s'est accru. Par ailleurs, les bénéfices du traitement sur les capacités fonctionnelles ont été observés pour une large majorité des activités quotidiennes. Les patients traités ont en effet conservé leurs loisirs et leur faculté de correspondre par courrier. Ils sont restés aptes à entretenir leur intérieur et à gérer leur budget. Ils ont été enfin capables de s'alimenter, de faire leur toilette et de se vêtir sans assistance. Au contraire, les patients sous placebo ont perdu la faculté de gérer les tâches quotidiennes et sont devenus progressivement dépendants. |
Une bonne biodisponibilité
La galantamine est aisément absorbée après administration orale. Elle compte parmi les inhibiteurs de cholinestérase ayant la meilleure biodisponibilité (VI). Sa pharmacocinétique n'est pas modifiée par des nutriments, ce qui n'est pas le cas du donepezil en présence de théophylline par exemple. Sa biotransformation par les cytochromes P450 des enzymes hépatiques conduit à des métabolites actifs. La galantamine présente l'avantage de ne pas être toxique pour le foie contrairement à la tacrine. Elle n'entraîne pas non plus de fatigue musculaire par opposition au métrifonate. Les effets indésirables associés au traitement sont souvent peu sévères à modérés dans l'intensité et la durée. Ils sont dus à la brutale augmentation centrale et périphérique de l'activité cholinergique en début de traitement. Ils se traduisent par des nausées, vomissements, diarrhées et douleurs abdominales. Ils peuvent être réduits en administrant progressivement la dose recommandée : 8 mg/j pendant 4 semaines puis, 16 mg/j durant les 4 semaines suivantes pour atteindre enfin 24 voire 32 mg/j. Les contre-indications sont les insuffisances rénales et hépatiques sévères. Les doses doivent être réduites à 8 mg/j chez les patients présentant une insuffisance hépatique modérée. On conseille un suivi des patients sous anti-cholinergiques (exemples : bêta bloquants, digoxine) ayant des antécédents asthmatiques, de maladies pulmonaires obstructives ou présentant des risques de développement d'ulcère. Enfin, le dosage de galantamine devra être réajusté en cas de prise conjointe d'inhibiteurs des cytochromes P450 2D6 (quinidine, paroxétine, fluoxétine, fluvoxamine) et P450 3A4 (cétoconazole, érythromycine, ritonavir) (5). |
Références : I WILCOCK GK, LILIENFELD S, GAENS E. Efficacy and safety of galantamine in patients with mild to moderate Alzheimer's disease :multicentre radomised controlled trial. BMJ 321 (7274):1445-9 ; 2000. II Block W. Galantamine rescues brain cells. Life-enhancement magazine ; California. February 2001. III LILIENFELD S, PARYS W. Galantamine : complementary benefits to patients with Alzheimer's disease. Dement Geriatr Cogn Disord. 11 Suppl 1:19-27 ; 2000. IV MAELICKE A. Allosteric modulation of nicotinic receptors as a treatment strategy for Alzheimer's disease. Dement Geriatr Cogn Disord. 11 suppl 1 : 11-8 ; 2000. V SCOTT L J, GOA K L. Galantamine :a review of its use in Alzheimer's disease. Drugs. 60 (5) :1095-122 ; 2000. VI NORDBERG A, SVENSSON AL. Cholinesterase inhibitors in the treatment of Alzheimer's disease :a comparison of tolerability and pharmacology. Drug Saf. 19(6) :465-480 ; 1998. |
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