La consommation de suppléments nutritionnels est en augmentation rapide. Pharmaciens, parapharmaciens, magasins diététiques, médecins, naturopathes, vendeurs par correspondance, vendeurs en direct ou en multi-niveaux, grande distribution : une multitude de commerçants et de prescripteurs offrent au public des milliers de produits de fabrication locale ou d'importation, sous des centaines de marques différentes. Dans ce foisonnement - certains diraient cette confusion - le meilleur côtoie souvent le pire. De vulgaires placebos dénués du moindre intérêt voisinent sur les étagères avec des produits de prévention efficaces et des alternatives thérapeutiques originales. Dans ce numéro de NUTRANEWS, nous apportons au consommateur quelques éléments de méthode qui lui permettront, même s'il n'est pas un spécialiste, d'éviter les pièges les plus grossiers et de réaliser, par lui-même, des choix libres et informés ! voici 10 points à surveiller, pour éviter de vous faire avoir ! |
Les « Apports Quotidiens Recommandés » : une notion à revoir !
Ces fameux AQR (ou RDA pour « Recommended Daily Allowances » sur les produits étiquetés en anglais) sont les quantités minimales de vitamines et de certains minéraux que vous devez absolument consommer pour éviter de développer des maladies de carence : le Scorbut pour la vitamine C, le Beri Beri pour la vitamine B 1, la Pellagre pour la vitamine B 3, etc. Ces seuils inférieurs, calculés par l'Organisation Mondiale de la Santé, sont interprétés par l'administration, en France et dans certains autres pays, comme étant les valeurs qui représentent un apport nutritionnel adéquat pour le consommateur moyen. Cette interprétation est fondamentalement inexacte car les AQR sont avant tout des « Apports Minima Indispensables » qui n'ont jamais été calculés pour assurer une nutrition adéquate, et encore moins une nutrition optimale, à qui que ce soit. Cependant, ces chiffres sont utilisés statistiquement pour définir des normes qui régissent certains projets gouvernementaux comme la composition des repas dans les cantines scolaires. Les accroître augmenterait le coût de tels programmes. La conséquence est que, comme pour beaucoup de programmes publics, on planifie en fait la médiocrité : au lieu de rechercher leur état de santé optimal, le gouvernement se contente de faire en sorte que les enfants qui mangent à la cantine ne souffrent pas d'anémie
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Ces niveaux sont ils « adéquats » ? |
Les Vitamines : trois petits « détails » à vérifier
doivent elles être « naturelles » ou « de synthèse » ? une vitamine très importante, la vitamine E, est constituée de plusieurs isomères : alpha, bêta, gamma et delta tocophérols, auxquels il faut ajouter des composants proches : alpha, bêta, gamma delta tocotrienols. La forme synthétique de la vitamine n'apporte que l'isomère alpha des tocophérols, le plus actif. Or les quatre isomères ont leur importance et nous recommandons pour cette raison d'utiliser de préférence des suppléments de vitamine E de source naturelle (comme celle du laboratoire Henkel), complétés éventuellement par un apport spécifique équilibrant en isomère gamma tocophérol. Le Bêta carotène est un précurseur naturel de la vitamine A qui possède également une activité propre. D'autres caroténoïdes ont une activité complémentaire et synergique : le Lycopène, la Lutéine, l'Alpha carotène, la Zéaxanthine, la Cataxanthine, etc.). Nous conseillons de consommer de préférence du Bêta carotène de source naturelle, comme celui extrait de l'algue Dunaliella Salina, car il contient également des quantités faibles mais utiles de ces autres caroténoïdes. Dans leur contexte « alimentaire », les vitamines sont parfois accompagnées de cofacteurs qui facilitent et potentialisent leur assimilation. C'est le cas des flavonoïdes pour la vitamine C. Les « multivitamines » de qualité apportent en général les deux simultanément. 1 ER (équivalent rétinol) = 1 mcg de rétinol (vitamine A) = 6 mcg de Bêta carotène = 3,33 UI (unités internationales) |
Les minéraux : savoir lire une étiquette !
La valeur élémentaire d'un minéral est la quantité de ce minéral contenue dans un composé. Si, par exemple, vous voyez sur une étiquette : Ne pensez pas que vous achetez 15 mg de zinc ! vous achetez 1,5 mg de zinc et 13,5 mg d'acides aminés. On peut ainsi faire croire qu'un produit contient beaucoup plus d'un minéral qu'il n'en apporte réellement. Un bon moyen de vérification est de regarder le pourcentage de l'AQR (si elle existe) pour ce minéral car il doit, lui, être calculé en fonction de l'apport en minéral élémentaire. Les minéraux dits « chelatés » sont combinés (attachés) à une substance organique (transporteur) pour les rendre plus faciles à absorber. Ce type de préparation copie le processus utilisé par l'organisme pour absorber les minéraux. Dans certains cas, comme celui du Fer, la forme inorganique, non chelatée, du minéral peut non seulement ne pas être absorbée mais causer des troubles intestinaux. Bien que les minéraux chelatés soient plus coûteux, ils sont d'une bien meilleure bio-disponibilité et ce sont ceux que vous devriez consommer. Pour déterminer la forme d'un minéral, regardez simplement le mot qui suit le nom du minéral : |
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Parfois le minéral chelaté utilisera uniquement le suffixe « chelate ». Dans d'autres cas, certains minéraux « ciblés » sont chelatés à des acides aminés spécifiques. Si un complexe minéral se termine par un nom d'acide aminé et le suffixe « ate », il s'agit aussi d'un minéral chelaté (ainsi le Calcium chelaté à la Lysine se nomme Calcium Lysinate). |
Les acides aminés : savoir à quoi ils servent !
Les acides aminés sont de deux types : essentiels, si l'organisme ne peut pas les synthétiser et qu'il faut se les procurer dans l'alimentation, et non essentiels, lorsque l'organisme peut les synthétiser lui-même à partir d'autres substances : les précurseurs. Avec les acides aminés, l'organisme fabrique d'autres composés souvent fort utiles : les métabolites. Le tableau ci-dessous définit précurseurs et métabolites des acides aminés les plus importants : |
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L'utilisation des acides aminés par le cerveau est un domaine d'étude passionnant. Certains acides aminés sont les précurseurs d'importants neurotransmetteurs et d'autres se comportent comme tels : |
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Herbes et Phytonutriments : ce qu'il faut absolument savoir !
Toutes les herbes ne sont pas nées égales et toutes les préparations à base d'herbes que vous trouverez sur les étagères ne sont pas identiques. Il y a beaucoup de produits sur le marché qui utilisent les noms d'herbes connues pour des raisons de marketing mais qui ne contiennent pas les importants principes actifs que vous êtes en droit d'attendre. Seuls des extraits standardisés peuvent procurer une quantité appropriée de principes actifs dans chaque unité de consommation. C'est cette garantie, la standardisation, qui permet seule de mesurer la qualité et l'efficacité d'un produit et donc de faire la différence entre de véritables phytonutriments et de vulgaires poudres de « Perlimpinpin ». Achetez des produits bon marché et vous n'aurez que ce que vous avez payé sans aucune garantie de qualité. Lorsqu'une herbe contient un principe actif (polyphenols pour le Thé Vert, ginsenosides pour le Ginseng, ginkgoflavonglycosides pour le Ginkgo Biloba, hypericine pour le Millepertuis, kavalactones pour le Kava Kava, etc) le nom de ce principe actif doit apparaître sur l'étiquette et la quantité de principe actif, c'est à dire ce que vous achetez réellement, doit être vérifiable aisément. N'achetez pas d'herbes ou de phytonutriments non standardisés ! |
Dans une base de
Beaucoup de produits mentionnent, en plus de la liste de leurs ingrédients, que ceux ci sont contenus « dans une base de » (suit en général une énumération plus ou moins longue de noms qui font rêver ). La base réunit en fait les substances qui homogénéisent les ingrédients, qui donnent sa consistance au comprimé, qui lui permettent ensuite de se dissoudre, ainsi que les excipients. Les bons fabricants indiquent toujours la nature de ces substances, s'ils en utilisent, pour que vous sachiez exactement ce que vous aller ingérer. Néanmoins, un nombre croissant de marques utilisent la « base » comme un gimmick publicitaire supplémentaire. Sur certains produits, vous verrez que la « base » est censée contenir une litanie de substances aux noms plus accrocheurs les uns que les autres. Ne vous y laissez pas prendre : cela ne signifie absolument rien. S'il y avait dans la « base » une quantité réellement significative du moindre nutriment, celui ci serait énuméré à sa place dans la liste des ingrédients et la quantité serait indiquée. S'il est listé dans la base, c'est que dans cette quantité et sous cette forme, il ne sert à rien. Vous auriez sans doute inhalé davantage cette « base » rien qu'en vous promenant dans les rayons d'un magasin diététique |
Poudres, Gélules, Comprimés ou Softgels ?
Il peut y avoir des différences importantes dans les résultats obtenus avec les nutriments selon que les mêmes ingrédients actifs sont administrés sous différentes formes. D'après une étude réalisée aux USA par le Dr Harry Demopoulos (Université de New York), 85 % des effets secondaires observés lors de la consommation de suppléments nutritionnels sont attribuables à des réactions allergiques (ou autres) aux liants, aux additifs et aux excipients utilisés pour fabriquer les comprimés. Dans 85 % des cas, ces effets secondaires ont été éliminés lorsque ces comprimés ont été remplacés par des gélules de gélatine contenant les seuls nutriments. C'est pourquoi il convient de préférer les gélules aux comprimés, lorsque cela est possible (certains nutriments ont malheureusement des caractéristiques physiques qui rendent le conditionnement en gélules très difficile). Une deuxième bonne raison est le temps nécessaire aux comprimés pour se dissoudre. Des comprimés bon marché peuvent prendre des heures à se dissoudre alors que les produits en poudre ou liquides sont absorbés presque immédiatement, et que les gélules se dissolvent en moins de 20 minutes. Les gélules sont plus chères que les comprimés mais elles valent chaque centime supplémentaire que vous paierez. Les capsules molles (softgels) sont la forme de conditionnement de préférence dès qu'il s'agit de nutriments liposolubles car ceux ci seront toujours mieux absorbés sur un support lipidique. Il convient cependant de choisir ce support pour sa résistance à l'oxydation et de l'additionner si nécessaire d'anti-oxydants liposolubles appropriés. |
Parfois, mieux vaut s'abstenir
La plupart des multivitamines bon marché contiennent des quantités importantes de Fer. Or, le Fer est un puissant catalyseur des processus oxydatifs et l'excès de Fer dans l'organisme accroît significativement le risque de cancer et de maladies cardio-vasculaires. Les hommes qui ont des concentrations en ferritine supérieures à 200 mcg par litre de sang ont une risque cardiaque double de ceux dont les concentrations sont normales (Fackelmann, « Excess Iron linked to heart disease », Science News, Sept.19, 1992). Nous pensons qu'une supplémentation en Fer n'est indiquée que sur la prescription d'un médecin, et sur la base de tests sanguins indiquant une anémie ferriprive (la plupart des cas d'anémie ne sont pas dus à des déficiences en Fer, mais en acide folique ou en vitamine B 12).
Méfiez-vous de ceux qui utilisent systématiquement anecdotes et témoignages à l'appui de leurs allégations :
Etablir des vérités médicales demande des enquêtes difficiles et répétées, des expériences réalisées d'abord en laboratoire, puis sur des modèles animaux et enfin sur l'être humain. C'est la raison pour laquelle les témoignages personnels ne sont pas admis dans les articles scientifiques ou devant les tribunaux, pas plus qu'ils ne le sont pour évaluer la fiabilité de nouveaux suppléments nutritionnels ou de nouveaux médicaments. N'oubliez pas qu'un simple placebo agit par suggestion et qu'il a parfois un effet sur certains symptômes. Mais en général, ces effets ne durent pas et l'intérêt des études scientifiques consiste précisément à différencier les placebos des produits actifs. Méfiez-vous donc de l'utilisation systématique des témoignages !
Un dernier conseil : ne vous en remettez pas surtout pas à l'administration pour faire le ménage dans le vaste monde des suppléments nutritionnels à votre place. Il existe déjà des lois qui protègent les consommateurs de la fraude, de la publicité mensongère, de l'escroquerie et de l'empoisonnement volontaire. L'administration n'a pas vocation à réglementer un secteur auquel elle n'a jamais rien compris et au développement duquel elle a toujours été hostile. Le Conseil Supérieur d'Hygiène Publique , une sorte de « comité Théodule » chargé de donner son avis en matière de nutrition et d'avaliser certaines nouvelles substances, a toujours fait preuve d'une hostilité de principe à la supplémentation qu'il considère comme une hérésie. On lui doit des perles du type « la caféine n'est pas nocive sous forme de café mais elle l'est sous forme de supplément »
Rien d'étonnant lorsque l'on connaît la composition de cet organisme , où aucun représentant de l'industrie et des consommateurs de suppléments ne contrebalance la présence des représentants de l'Ordre des pharmaciens et de celui des médecins. Heureusement que le marché unique européen a apporté aux consommateurs français de nouveaux espaces de liberté, privant de facto l'administration d'une grande partie de ses compétences ! Nous faisons partie de ceux qui pensent que les consommateurs peuvent faire des choix libres et informés sans recourir à la protection des fonctionnaires. Interrogé par Durk Pearson et Sandy Shaw (les auteurs de LIFE EXTENSION) qui lui demandaient « Que feriez vous pour améliorer la santé aux USA ? », Milton Friedman, Prix Nobel d'Economie, répondait : « C'est très simple. Je supprimerais le monopole médical. Je supprimerais toutes les réglementations des produits de santé. Absolument toutes ! C'est la seule chose que je ferais.».
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