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01-09-2000

La « politique nutritionnelle » à l'ordre du jour du HCSP...


«Les données actuelles ne permettent en aucune façon de recommander l'utilisation de compléments et/ou de suppléments vitaminiques et minéraux…»

Le Secrétariat d'Etat à la Santé et aux Handicapés a récemment rendu public le rapport «Pour une politique nutritionnelle de santé publique : enjeux et recommandations», réalisé par le Haut Comité de la Santé Publique. Si l'état des lieux, dressé par ce rapport, qui souligne l'implication de certains nutriments dans le déterminisme des maladies chroniques, pouvait soulever certains espoirs, les recommandations, en se limitant à des objectifs classiques de modifications de la consommation alimentaire, nous laissent quelque peu sur notre faim. Mais fallait-il attendre autre chose d'un tel rapport, compte tenu de sa provenance ?


L'état des lieux

Les enjeux de santé publique représentés par les maladies chroniques dans lesquelles sont impliqués les facteurs nutritionnels :

- Les maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité en France, sont à l'origine, chaque année, de 170 000 décès,

- Les tumeurs malignes représentent 29% des décès chez l'homme, 23% chez la femme et 240 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année,

- L'obésité concerne 7 à 10% des adultes et 10 à 12,5% des enfants de 5 à 12 ans,

- L'ostéoporose concerne 10% des femmes à 50 ans, 20% à 60 ans et 40% à 75 ans,

- La prévalence du diabète, estimée, tous âges confondus, à 2-2,5%,

- Près d'un adulte sur 5 a un cholestérol supérieur à 2,50 g/l


Les évolutions de l'alimentation se traduisent sur le plan nutritionnel par

- une réduction globale de l'apport énergétique,

- une diversification importante des apports alimentaires,

- une diminution de la part des glucides complexes au profit des sucres simples ainsi qu'une augmentation de la part des protéines d'origine animale allant de pair avec une diminution de celle des protéines végétales,

- une augmentation des lipides,

- une réduction des apports en micro-nutriments.

Les grands problèmes de carence sévère ont disparu mais l'évolution de l'alimentation a des conséquences négatives avec le risque de certaines maladies chroniques.


Données scientifiques concernant les relations entre nutrition et santé :

- Cancer : effet protecteur reconnu

• des fruits et légumes qui pourrait s'expliquer par l'action de plusieurs de leurs composants (fibres, vitamines, antioxydants, polyphénols, …)

• des aliments d'origine végétale riches en amidons et en protéines.

Il faut souligner que, face à l'existence d'arguments justifiant l'intérêt d'une combinaison de nutriments antioxydants, le rapport considère comme raisonnable de retenir comme optimal le niveau de micro-nutriments antioxydants rencontré chez des sujets dont les apports en fruits et légumes sont les plus élevés dans les études d'observation.


- Maladies cardio-vasculaires et hyperlipidémie : effet délétère des acides gras saturés et du cholestérol alimentaire. Effet protecteur des acides gras insaturés, mono et polyinsaturés, des fibres, des vitamines, des oligo-éléments, des polyphénols, des vitamines B9, B6, B12. Des travaux épidémiologiques retrouvent l'effet protecteur de certains aliments : fruits et légumes, fruits oléagineux et poisson.

La conclusion du rapport est qu'une alimentation équilibrée a un effet bénéfique sur le risque de maladie cardio-vasculaire et, plus particulièrement, le régime méditerranéen. Quant aux arguments en faveur de l'effet protecteur de certains anti-oxydants, ils sont jugés importants. Mais pour les auteurs du rapport, des bénéfices n'ont été observés que pour des apports nutritionnels par l'alimentation. Manifestement, les membres du HCSP ont omis de prendre connaissances des dizaines de milliers d'études qui depuis plus de 20 ans ont démontré sans ambiguïté les effets bénéfiques pour la santé des suppléments nutritionnels. (Cf l'article de Thierry Souccar « Le programme de longue vie et les 70 philistins », Nutranews août 1999).

- Obésité : rôle d'une alimentation de densité énergétique élevée (riche en lipides).

Là encore, le comité aurait dû prendre connaissance de la documentation scientifique massive impliquant les glucides, et non les lipides, comme facteur causal principal de l'obésité. Cf Nutranews de mars 1999 et mai 2000 sur le régime paléolithique, qui recueille maintenant un assentiment quasi unanime chez les nutritionnistes sérieux.


- Ostéoporose : Le calcium et la vitamine D sont les deux nutriments les plus importants. Des travaux soulignent une optimisation de la densité minérale osseuse après une supplémentation en calcium et/ou en vitamine D. Deux études contrôlées montrent qu'une supplémentation, associant vitamine D et calcium, a permis de réduire la fréquence des fractures non vertébrales chez les personnes âgées.

Les auteurs du rapport ne semblent cependant pas envisager de recommander une supplémentation en vitamine D et en calcium mais, seulement, d'inciter à une consommation plus importante de ces deux nutriments. Cela peut-il être suffisant, surtout si l'on considère les résultats d'études citées par le rapport lui-même et que 20% des personnes de plus de 60 ans et 40% des plus de 75 ans sont confrontées à ce problème.


Certains groupes de population ont des risques particuliers de déséquilibres nutritionnels :

- Les enfants et adolescents : problèmes d'obésité, de déficiences en fer, d'insuffisance de calcium.

- Les femmes enceintes et allaitantes : carences en fer et en acide folique, insuffisances de vitamine D et de zinc.

- Personnes âgées : risque de dénutrition et de carences spécifiques en vitamines et minéraux.

- Personnes hospitalisées : risques de malnutrition,

Sur la base de ce constat, le HCSP propose un “programme national nutrition-santé” inspiré des méthodes de planification soviétiques dont l'objectif général est l'amélioration de l'état nutritionnel, la réduction du risque de maladies chroniques, l'amélioration de la santé et de la qualité de vie de la population en général reposant sur des objectifs prioritaires pour l'ensemble de la population :

• modifications de la consommation alimentaire,

• augmentation de la consommation de fruits et légumes,

• augmentation de la consommation de calcium associée à une réduction de la prévalence des déficiences en vitamine D,

• réduction de la moyenne des apports lipidiques totaux à moins de 35% des apports énergétiques journaliers,

• augmentation de la consommation de glucides afin qu'ils contribuent à plus de 50% des apports énergétiques journaliers.

(Cette recommandation particulièrement inepte et néfaste peut, à elle seule, ajouter des millions de « problèmes de santé » supplémentaires au fardeau actuel !)

• réduction de la consommation d'alcool,

• réduction de certains marqueurs de déséquilibre nutritionnel,

• réduction de 5% de la cholestérolémie moyenne,

• réduction de 10 mm de Hg de la pression systolique,

• réduction de 20% de la prévalence du surpoids et de l'obésité.


Des objectifs précis visant à résoudre des problèmes nutritionnels observés chez les femmes enceintes ou en âge de procréer, enfants et adolescents, les personnes âgées ou en situation de précarité, les sujets allergiques,…

- recommandations nutritionnelles,

- utilisations de compléments ou de suppléments,

- enrichissement des aliments.


Ces objectifs sont fixés pour trois ans avec pour ambition d'améliorer graduellement la situation nutritionnelle des Français.

Compléments et suppléments

Le rapport propose de nouvelles définitions :

- le terme complément doit être réservé aux apports de nutriment(s) sous forme de médicament ou de «nouvel aliment» (type barre, losange, …), c'est-à-dire un aliment qui n'est pas considéré comme un «aliment courant», à des doses qui, en utilisation habituelle, ne dépassent pas les apports nutritionnels conseillés (ANC). Ces produits sont en théorie destinés à compléter l'alimentation usuelle pour satisfaire les ANC.

- Le terme supplément doit être réservé aux apports de nutriments sous forme médicamenteuse à des doses qui, en utilisation habituelle, avec une seule prise unitaire (comprimé, capsule, gélule, dose,…) dépassent les ANC. L'usage de ces produits devra être réservé à un usage médical pour la correction de déficiences ou de carences avérées. S'ils sont utilisés en automédication, leur utilisation doit être limitée dans le temps. En fait, on nous propose d'étendre à la France l'aberrant monopole pharmaceutique sur les suppléments dont bénéficie déjà l'Allemagne. Avec pour conséquence des prix moyens quatre à cinq fois plus élevés pour les consommateurs !

Les auteurs de ce rapport considèrent que l'amélioration de la situation nutritionnelle de la population générale devrait suffire à résoudre certains des problèmes spécifiques à ces groupes de population comme par exemple la couverture des besoins minéraux et vitaminiques. Rappelons que dans ces groupes de population définis comme ayant des problèmes de nutrition figurent les personnes en situation de précarité et les personnes hospitalisées. Il paraît difficile de restaurer leur situation nutritionnelle par de simples conseils visant la population générale.


Des mesures et actions de santé publique impliquant, autour du consommateur, les multiples professionnels du champ de la nutrition (producteurs, industriels de l'agroalimentaire, médias, professionnels de l'éducation et de la santé,..).


Deux mesures, destinées à favoriser l'adhésion des industriels, sont à noter : la création d'un label officiel «Programme Nutrition-Santé» et la possibilité d'utiliser des allégations nutritionnelles issues du programme.

Proposition de directive du parlement européen et du conseil : seule la mobilisation des consommateurs peut imposer le respect des libertés

Les auteurs de ce rapport considèrent que l'amélioration de la situation nutritionnelle de la population générale devrait suffire à résoudre certains des problèmes spécifiques à ces groupes de population comme par exemple la couverture des besoins minéraux et vitaminiques. Rappelons que dans ces groupes de population définis comme ayant des problèmes de nutrition figurent les personnes en situation de précarité et les personnes hospitalisées. Il paraît difficile de restaurer leur situation nutritionnelle par de simples conseils visant la population générale.


Des mesures et actions de santé publique impliquant, autour du consommateur, les multiples professionnels du champ de la nutrition (producteurs, industriels de l'agroalimentaire, médias, professionnels de l'éducation et de la santé,..).


Deux mesures, destinées à favoriser l'adhésion des industriels, sont à noter : la création d'un label officiel «Programme Nutrition-Santé» et la possibilité d'utiliser des allégations nutritionnelles issues du programme.

Proposition de directive du parlement européen et du conseil : seule la mobilisation des consommateurs peut imposer le respect des libertés.

En mai dernier, une proposition de directive concernant les compléments nutritionnels a été présentée par la Commission Européenne. Elle prévoit une liste positive de vitamines et de substances minérales, consacrant ainsi le principe liberticide « tout ce qui n'est pas expressément autorisé est interdit ». Cette liste comprendra uniquement les nutriments que le Comité Scientifique de l'Alimentation Humaine (CSAH) a qualifiés d'essentiels dans son rapport sur les substances nutritives et la consommation énergétique dans la Communauté européenne.

En d'autres termes, cela signifie que seuls les vitamines et les sels minéraux, ainsi que les formules vitaminiques et minérales énumérés dans cette directive pourraient être utilisés pour la fabrication de compléments alimentaires.

Dans ce projet, on peut, d'ores et déjà, saluer quelques grands absents : le bêta-carotène est le seul caroténoïde autorisé. Les études sont pourtant nombreuses à souligner la supériorité des bénéfices de santé de mélanges de caroténoïdes sur ceux d'un nutriment unique. Sans parler de l'intérêt spécifique de caroténoïdes comme le lycopène ou la lutéine, pour ne parler que d'eux.

Autres absents notables, les isoflavones de soja dont la recherche a pourtant souligné l'intérêt dans la prévention des symptômes qui peuvent accompagner la ménopause ou les polyphénols extraits de pépins de raisin, utilisés pour la prévention des jambes lourdes. Il est vrai que ce ne sont ni des vitamines, ni des minéraux, seuls autorisés, selon le projet, à entrer dans la composition des compléments nutritionnels.

Le gamma-tocophérol ne fait pas partie des formes de vitamine E autorisées à entrer dans la fabrication de compléments nutritionnels. La recherche vient pourtant de souligner que cette forme est la seule capable d'inhiber le radical libre peroxy nitrite, particulièrement dangereux pour les neurones.

Il est presque plus rapide de donner la liste des produits autorisés que de faire l'inventaire de ceux qui ne le sont pas.

S'il venait à être approuvé et mis en œuvre, ce projet, réalisé sur mesure pour renforcer le monopole pharmaceutique, sonnerait le glas de la liberté de choix des consommateurs et les soumettrait au diktat des quelques entreprises multinationales résultant des récentes « mégafusions » qui ont concentré davantage encore l'industrie pharmaceutique.

Les lecteurs de Nutranews savent bien que le monopole pharmaceutique réalise des profits colossaux en supportant un système de santé étatisé et administré dont le libre marché a été éliminé. Dans les pays soumis au monopole pharmaceutique, dont l'Allemagne est le plus proche exemple, les vitamines les plus banales coûtent de quatre à cinq fois plus cher que dans les pays où la concurrence existe. Le monopole pharmaceutique justifie ses profits pharaoniques par la nécessité d'investir dans la recherche et le développement. Mais pouvez-vous citer une maladie importante, une seule, que cette soi-disant recherche aurait permis d'éradiquer depuis 20 ans ? Il n'y en a pas ! L'argent de l'industrie pharmaceutique sert en fait essentiellement à financer son train de vie fastueux et ses frais de marketing ahurissants, sans oublier les armées d'avocats et de plumitifs qui la protègent de la colère de ses légions de victimes et qui harcèlent sans relâche tout ce qui peut ressembler, de près ou de loin, à l'émergence d'une concurrence.

Depuis quelques années, une poignée de PME européennes courageuses défend contre vents et marées la liberté de choix des consommateurs. Ces producteurs et ces importateurs se sont regroupés récemment pour mettre en commun leurs ressources afin d'organiser l'opposition au diktat que l'industrie pharmaceutique essaie d'imposer aux institutions de Bruxelles. Mais l'expérience américaine nous démontre que seule la mobilisation des consommateurs est capable d'imposer le libre choix aux bureaucraties et aux groupes de pression. En 1994, des millions de consommateurs américains ont imposé à leurs élus le remplacement du principe de la liste positive par celui de la liste négative (tout ce qui n'est pas expressément interdit est autorisé et seul peut être interdit ce dont le danger a été démontré) et la liberté de mentionner des allégations touchant à la santé. Il faut que bientôt dans chaque pays d'Europe une association de consommateurs de suppléments nutritionnels puissante et structurée inonde les bureaucrates et surtout les élus, nationaux et européens, de courriers et de pétitions exigeant le respect du libre choix. « Je préfère payer pour être bien portant qu'être malade et remboursé » « Je ne voterai plus jamais pour vous si vous ne vous engagez pas à me laisser accéder librement à mes suppléments nutritionnels ». Le jour où des centaines de milliers de consommateurs l'écriront à leurs élus, la bataille de la liberté sera proche d'être gagnée !

Vitamines et sels minéraux pouvant être utilisés dans la fabrication de compléments alimentaires

Vitamines 

Minéraux

Vitamine A (incluant le bêta-carotène dans les formes vitaminiques autorisées) 
Calcium
Vitamine D  Magnésium
Vitamine E (incluant le d-alpha-tocophérol,le dl-alpha-tocophérol, l'acétate de d-alpha-tocophérol et de dl-alpha-tocophérol ainsi que le succinate acide de d-alpha-tocophérol) 
Fer
Vitamine K  Cuivre
Vitamine B1  Manganèse
Vitamine B2  Sodium
Niacine  Potassium
Acide pantothénique  Sélénium
Vitamine B6  Chrome
Acide folique  Molybdène
Vitamine B12  Fluorure
Biotine  Chlorure
Vitamine C  Phosphore

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