Accueil  >  Immunité  >  Sutherlandia frutescens, l'efficacité d'une...
01-12-2006

Sutherlandia frutescens, l'efficacité d'une plante médicinale d'Afrique du Sud éclairée par la recherche

Sutherlandia frutescens est une plante médicinale utilisée depuis des centaines d'années en Afrique du Sud pour traiter différentes maladies, mais ce n'est que très récemment que son intérêt pharmacologique a été mis en lumière. Un certain nombre de publications récentes portant sur le Sutherlandia ont donné d'intéressants résultats, incluant des activités anti-VIH, antioxydante, anti-inflammatoire, et anticancérigène. Le ministre de la Santé d'Afrique du Sud, s'appuyant sur des études faites sur des primates, a conclu que l'extrait de Sutherlandia frutescens était sans danger.

 

Les peuples Khoï, San et Nama du sud-ouest de l'Afrique du Sud et du Karroo emploient différentes parties de cette plante pour laver les blessures, traiter des fièvres et d'autres maladies ; son usage médicinal fut rapidement adopté par les colons hollandais. En tswana - une des langues officielles d'Afrique du Sud, celle de l'ethnie bantoue -, phenola, le nom traditionnel de cette plante, signifie « elle change », indiquant qu'elle modifie le cours de nombreuses maladies vers une issue favorable.

Traditionnellement utilisé pour traiter le cancer et améliorer l'état de santé des patients VIH/sida
Ce n'est pas un traitement miraculeux du cancer. Ses bénéfices réels sont d'être un tonique qui aide le corps à mobiliser toutes ses ressources propres pour combattre la maladie. On attribue également à Sutherlandia la capacité de diminuer le stress et l'irritabilité tout en améliorant l'humeur. Des patients souffrant de cancer ou du sida perdent du poids et ont tendance à dépérir. Sutherlandia leur redonne de l'appétit et leur permet de commencer à reprendre du poids. On lui reconnaît également le pouvoir d'augmenter les niveaux d'énergie et d'améliorer la sensation de bien-être.

Ses principes actifs

Des études ont été réalisées pour déterminer les principes actifs de la plante et leurs fonctions dans l'organisme, afin d'expliquer pour quelles raisons Sutherlandia frutescens a été utilisé pendant des générations pour améliorer la santé de personnes souffrant de toute une variété de maladies.
Les principaux constituants de Sutherlandia frutescens supposés être actifs ont été récemment identifiés1. Ils incluent la L-canavanine, l'arginine, le GABA (acide gamma-butiryque) et le D-pinitol. La L-canavanine est un acide aminé non protéique qui est un antimétabolite de la L-arginine. Chaque gramme de feuilles sèches de Sutherlandia frutescens contient 2,2 à 3 mg de ce composant.

La L-canavanine a été identifiée comme un agent thérapeutique possible du cancer du pancréas et d'autres types de cancer2. Un certain nombre de brevets ont été déposés concernant l'utilité de la L-canavanine dans le traitement de différentes maladies.

La L-canavanine aurait une activité anti-virale contre le virus influenzae et les rétrovirus, y compris le VIH. Un brevet enregistré aux États-Unis en 1988 revendiquait une destruction sélective in vitro de 95 % des lymphocytes infectés par le VIH. Malheureusement aucune autre étude de l'effet de la plante sur le VIH n'est venue confirmer cette revendication.
Le D-pinitol est un type de sucre que l'on trouve dans de nombreux légumes, classé parmi les chiro-inositols. Il a été montré qu'il diminue la production de cytokines inflammatoires comme les TNF-alpha ou les IL1-bêta. On a également suggéré que ce composant actif pourrait avoir son utilité dans le traitement de patients souffrant de cancer ou infectés par le VIH, bien que les preuves soient encore insuffisantes.

Une étude d'innocuité


Une des divisions du Conseil pour la recherche médicale d'Afrique du Sud a notamment pour activité la validation scientifique et clinique des plantes médicinales prometteuses. Dans cet objectif, une plate-forme clinique capable d'exécuter des études d'innocuité et d'efficacité a été créée.

Jusqu'à présent, aucun effet secondaire néfaste n'a été rapporté concernant l'utilisation de Sutherlandia frutescens. Pour le vérifier, le Conseil pour la recherche médicale a décidé qu'une étude de toxicité serait réalisée au centre animal du Conseil sur 16 singes verts. Les animaux ont été répartis en quatre groupes qui ont reçu 1, 3 ou 9 fois la dose quotidienne recommandée chez l'homme (9 mg/kg de poids) ou un placebo.

Plus de 50 variables concernant la chimie sanguine, l'hématologie, la physiologie et le comportement des animaux ont été surveillées et évaluées pendant trois mois par les scientifiques, les statisticiens et les médecins du centre. Aucune indication de toxicité n'a été observée après que les singes vervet ont été nourris pendant trois mois avec un extrait sec de feuilles de Sutherlandia, même avec 9 fois la dose recommandée.

Des effets analgésiques, anti-inflammatoires et hypoglycémiants


Les résultats d'une étude expérimentale sur animaux suggèrent que Sutherlandia frutescens possède des propriétés analgésiques, anti-inflammatoires et hypoglycémiantes. Ils viennent crédibiliser l'usage traditionnel de la plante dans certaines communautés d'Afrique du Sud pour gérer ou contrôler la douleur arthritique ou d'autres maladies inflammatoires, aussi bien que le diabète de l'adulte3.
Dans des modèles de rats d'œdème aigu, un extrait de Sutherlandia a montré une action anti-inflammatoire significative. Les animaux avaient reçu par voie orale 800 mg/kg d'extrait. Les effets observés ont été comparables à ceux produits par 100 mg/kg de diclofénac.
Des chercheurs ont ensuite investigué les effets de cette plante chez des rats prédiabétiques. Des feuilles écrasées de Sutherlandia frutescens ont été administrées dans leur eau de boisson à des rats nourris avec une alimentation riche en graisse. Des animaux témoins positifs ont seulement reçu de la metformine, un traitement antidiabétique. Les expériences de consommations de glucose ont été faites en utilisant du [(3)H] désoxy-glucose. Différents paramètres physiologiques ont également été mesurés.
Les rats recevant du Sutherlandia frutescens ont montré des niveaux normaux d'insuline après 8 semaines de suivi de ce traitement par rapport aux témoins. Il y avait une augmentation significative de l'absorption du glucose dans les muscles et les tissus adipeux, et une diminution significative de son absorption intestinale chez les animaux recevant l'extrait de plante.
Par sa capacité à normaliser les niveaux d'insuline et la consommation de glucose dans les tissus périphériques ainsi qu'à diminuer son absorption intestinale, Sutherlandia frutescens montre des qualités antidiabétiques prometteuses4.

Une action antitumorale


Un extrait de Sutherlandia a montré un effet concentration-dépendant antiproliférateur sur différentes lignées cellulaires tumorales humaines5. D'autres travaux ont montré qu'un extrait de Sutherlandia frutescens induit une cytotoxicité dans des cellules néoplasiques (carcinome du col de l'utérus) et dans des lignées cellulaires de CHO (cellules ovariennes de hamster chinois)6.

Une activité antioxydante et antibactérienne

L'activité antibactérienne et antioxydante d'un extrait de feuilles de Sutherlandia frutescens a été testée. Il s'est montré actif contre Staphylococcus aureus, Enterococcus faecalis et Escherichia coli, apportant une base rationnelle à son utilisation, lorsqu'il est formulé dans une base huileuse, contre les infections cutanées à staphylocoques7.
Une étude a décrit le pouvoir antioxydant d'un extrait aqueux de Sutherlandia frutescens et démontré qu'il est capable de neutraliser le peroxyde et le superoxyde d'hydrogène à une concentration aussi faible que 10 mcg/ml. Cela pourrait expliquer certaines de ses propriétés anti-inflammatoires8. Cette activité antioxydante serait reliée à la présence de composés phénoliques, tannins et flavonoïdes.

Une activité anti-VIH


Une équipe du département botanique de l'université de Port Elizabeth, en Afrique du Sud, a regardé si un extrait de Sutherlandia frutescens exerçait une action inhibitrice sur le VIH. Les résultats ont montré que l'extrait contenait des composants inhibiteurs exerçant leur activité contre des enzymes cibles du VIH9. D'autres travaux mettent en lumière que la plante exerce un effet sur le métabolisme des médicaments contre le VIH en raison de leur activité inhibitrice sur les enzymes et systèmes de transports de ces médicaments. Les chercheurs soulignent dans la discussion l'importance de réaliser des études in vivo pour examiner les éventuelles interactions de l'extrait avec les traitements antirétroviraux.



--------------------------------------------------------------------------------


1. Tai J. et al., In vitro culture studies of Sutherlandia frutescens on human tumor cell lines, J. Ethnopharmacol., 2004, 93: 9-19.
2. Swaffer D.S. et al., Inhibition of the growth of human pancreatic cancer cells by the arginine antimetabolite L-canavanine, Canc. Research, 1994, 54(23): 6045-6048.
3. Ojewole J.A., Analgesic, anti-inflammatory and hypoglycemic effects of Sutherlandia frutescens R. BR. (variety Incana E. Mey) shoot aqueous extract, Methods Find Exp. Clin. Pharmacol., 2004 Jul-Aug, 26(6): 409-16.
4. Chadwixk W.A. et al., Anti-diabetic effects of Sutherlandia frutescens in istar rats fed a diabetogenic diet, J. Ethnopharmacol., 2006 Jul 22, e-pub ahead of print.
5. Tai J. et al., In vitro culture studies of Sutherlandia frutescens on human tumor cell lines, J. Ethnopharmacol., 2004 July, 93(1): 9-19.
6. Chinwo K.A., Sutherlandia frutescens extract can induce apoptosis un cultured carcinoma celles. J. Ethnopharmacol., 2005 Apr 8, 98 (1-2); 163-70.
7. Katerere D.R. et al., Antibacterial and antioxidant activity of Sutherlandia frutescens (Fabaceae), a reputed anti-HIV AIDS phytomedicine, Phytother. res., 2005 Sep, 19(9); 779-81.
8. Fernandes A.C. et al., The antioxidant potential of Sutherlandia frutescens, J. Ethnopharmacol., 2004, 95(1): 1-5.
9. Harnett S.M. et al., Anti-HIV activities of organic and aqueous extract of Sutherlandia frutescens and Lobostemon trigonous, J. Ethnopharmacol., 2005 Jan 4, 96 (1-2): 113-9. Edward Mills et al., African herbal medicines in treatment of HIV: Hypoxis and Sutherlandia. An overview of evidence and pharmacology. Nutrition Journal 2005, 4:19 doi; 10.1189/475-2891-4-19.

Télécharger le pdf contenant cet article Format PDF
A découvrir aussi
24-06-2019
Le PEA, l’antidouleur naturel universel
Plus connu sous les initiales PEA, le palmitoyléthanolamide est un puissant principe actif naturel découvert en 1957. Depuis sa découverte, cette substance fait régulièrement l’objet...
Lire plus
04-09-2019
Quel âge ont vos poumons ? L’histoire...
Saviez-vous que parmi tous vos organes, ce sont les poumons qui étaient les premiers sujets au vieillissement ? Comme la peau, ils ont la particularité...
Lire plus
03-01-2018
Les 8 secrets des personnes qui ne...
Chaque année, les mêmes personnes semblent passer miraculeusement entre les gouttes des épidémies de grippe ou de gastro-entérite. En réalité, la chance n’a rien à...
Lire plus
Suivez-nous
Sélectionnez la langue de votre choix
frendeesitnlpt

Gratuit

Merci de votre visite, avant de partir

inscrivez-vous au
Club SuperSmart
Et bénéficiez
d'avantages exclusifs:
  • Gratuit : la publication hebdomadaire scientifique "Nutranews"
  • Des promotions exclusives aux membres du club
> Continuer