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01-12-2001

La guerre de l'homme contre ses gènes

Dans Le programme de longue vie (Editions du Seuil), un livre co-écrit avec le Dr Jean-Paul Curtay, j'ai développé l'idée que l'évolution avait privilégié l'immortalité des gènes au détriment de la nôtre. En effet, les ressources énergétiques d'un être humain sont limitées. Pour la simple raison que nous utilisons comme carburants deux composés particulièrement toxiques : le glucose et l'oxygène. L'oxygène abîme les principaux composants de l'organisme, à commencer par les centres de production de l'énergie, les mitochondries. Le glucose, lui, se lie aux protéines du corps et finit par les dénaturer, altérant peu à peu le bon fonctionnement des organes. L'évolution aurait pu trouver des moyens de nous protéger contre les dégâts de l'oxygène (les fameux radicaux libres) en nous dotant de mitochondries performantes, d'enzymes antioxydantes, de systèmes de réparation sophistiqués. Elle aurait pu nous équiper systématiquement de deux organes : deux cœurs, deux cerveaux. L'un aurait été réparé pendant que l'autre était actif. Mais nos ressources étant limitées, les gènes préfèrent que nous les utilisions pour nous engraisser, croître, parvenir au plus tôt à maturité sexuelle, afin d'accomplir la tâche pour laquelle nous sommes programmés : nous reproduire et disséminer leur ADN. Car, contrairement à nous, les gènes sont immortels. L'ADN est transmis à l'identique d'une génération à l'autre, et certaines séquences de notre ADN sont la parfaite reproduction de celles qui équipaient les gènes de nos ancêtres il y a plusieurs millions d'années. Si l'on accepte cette vision de l'immortalité des gènes, alors, il faut bien admettre que nous sommes des « taxis » destinés à les aider à accomplir leur long voyage. Des taxis certes sophistiqués, mais des taxis tout de même, de la même manière qu'une poule n'est qu'un moyen pour un œuf de faire un autre œuf.La stratégie de l'ADN consiste à favoriser le développement le plus rapide possible de ses taxis, pour qu'ils se reproduisent avant d'être trop abîmés. Cette stratégie est porteuse d'un vieillissement accéléré. Dans toutes les espèces, les individus qui se nourrissent trop parviennent à maturité sexuelle plus tôt et meurent plus jeunes.A l'inverse, la restriction calorique (sans malnutrition) retarde l'âge de la puberté et augmente l'espérance de vie dans 40 espèces animales, notamment en diminuant le niveau des radicaux libres, et le taux de sucre sanguin.
SOUCCAR Thierry
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